Appel à communication

 

Quatrièmes rencontres d’études balkaniques - Balkans connectés

Organisées par l’AFEBalk, les « Quatrièmes rencontres d’études balkaniques » se tiendront au Mucem de Marseille entre le 30 juin et le 2 juillet 2022. Dans le prolongement des rencontres précédentes, l’événement de 2022 vise à rassembler les forces vives de la recherche sur les Balkans autour d’un thème transversal. Cette année, la thématique « Balkans connectés / connected Balkans » permettra la tenue d’un colloque généraliste d’area studies ouvert à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, tout en invitant à une réflexion critique sur ce type d’approche et sur l’organisation des savoirs, en encourageant tout autant la comparaison que les jeux d’échelle. Cette perspective est au cœur des objectifs que s’est fixés l’association depuis sa redynamisation des années 2010 : faire connaître les processus sociaux ancrés dans les pays balkaniques, tout en montrant qu’ils peuvent être représentatifs de dynamiques plus vastes. Cette démarche vise aussi bien à départiculariser des sociétés souvent stigmatisées pour leur instabilité politique et sociale qu’à décloisonner les études balkaniques. Pour cela, les processus étudiés dans la région doivent dialoguer avec les observations faites dans d’autres régions, proches ou éloignées, aussi bien pour la période actuelle que pour les périodes de l’histoire moderne et contemporaine. Dans la lignée des travaux affirmant que les Balkans ont fait l’objet d’une construction représentationnelle de long terme les ayant institués en aire régionale singulière, la mise en avant des circulations – des personnes, des idées, des biens qui traversent ces pays ou les relient au vaste monde permettra d’engager la réflexion sur la légitimité de ce champ d’étude en tant que tel, poussant à penser les Balkans non pas en fonction de ce qui leur serait propre, mais comme un lieu d’expression particulier de processus plus vastes. À la lumière des intrications (entanglement) mais aussi de la configuration des réseaux et des circulations qui génèrent tout un ensemble de routes, de synapses, de frontières, apparaissent de nouvelles logiques pour comprendre les territoires et les sociétés des Balkans – et au-delà, de l’Europe et de la Méditerranée.

Cette démarche propose d’aller à rebours de l’image la plus répandue des espaces balkaniques comme abritant une multitude de sociétés d’ancrage, véritable marqueterie de « petites patries », de petits territoires occupés par des groupes bien circonscrits, fermés et endogames. Depuis au moins l’époque où plusieurs puissances impériales, principalement les Habsbourg et les Ottomans, partageaient leur souveraineté sur la région, des relations de longue distance y ont nourri des processus importants, parfois occultés par cette image d’isolement, de fixité et d’intemporalité. Même pendant les périodes plus souvent associées à la fermeture ou l’immobilité, comme la Guerre froide, on ne cesse pas de circuler et/ou d’ouvrir des nouvelles routes. La situation contemporaine d’accélération de la communication et des transports a contribué à rendre plus visibles de tels processus et à transformer le regard porté sur les fonctionnements des sociétés du Sud-Est européen. L’amélioration des réseaux de transports, tout comme l’introduction et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ont été de véritables révolutions rendant ainsi plus visibles les ambivalences du rapport à la distance. Comme l’ont montré de nombreux auteurs, le progrès technique et technologique semble avoir accru le rôle des connexités, des capacités à être en relation, permettant de créer des proximités topologiques entre des lieux et/ou des hommes pourtant situés à distance les uns des autres. C’est ainsi que les études concernant les territoires du voisinage topographique sont aujourd’hui souvent complétées par des travaux abordant plus exclusivement les groupes sociaux aux dispositions réticulaires voire archipélagiques (migrants, acteurs transnationaux, réseaux commerçants, diasporas). Les processus politiques, sociaux, linguistiques et territoriaux à l’heure de la globalisation offrent également de bonnes occasions de montrer les liens unissant les territoires et les hommes par-delà la distance, dont la pandémie de Covid19 a montré la fragilité mais également l’extrême diffusion.

Ces différents constats font renouer avec la pensée de Jean Gottman - transposée dans les Balkans par le géographe Georges Prévélakis – qui voyait deux tensions fondamentales présider aux dynamiques des sociétés : celle des iconographies, ancrées dans le temps long des identités localisées et conduisant vers des dynamiques de cloisonnement, et celle des circulations, qui favoriseraient l’uniformisation et la convergence par le déplacement des hommes, des idées et des biens. Ces mises en relation ne sont-elles pas également génératrices de conflits et d’oppositions ? Ne produisent-elles pas des formes de domination nouvelles mobilisant des acteurs à l’intérieur comme à l’extérieur des sociétés des Balkans ? D’un point de vue pratique, quelles sont ou quelles ont été les conséquences de ces processus réticulaires et circulatoires sur les sociétés des pays concernés ? Comment les identifier et les comprendre ? Quels sont également les éléments qui restent ou sont restés en dehors de ces logiques de réseaux ? L’accent mis sur les connexités permettrait-il de considérer à nouveaux frais les centralités, mais aussi de comprendre différemment les périphéries (ce qui reste déconnecté, entravé, isolé, ce qui ne circule pas) ? Les circulations et autres réseaux de communication permettraient-ils de penser différemment les relations, les échanges (qu’ils soient Est/Ouest ou Nord/Sud) ? Sont-ils un facteur si irrésistible d’homogénéisation des pratiques et des représentations sociales ? D’un point de vue méthodologique, en quoi les connexions et les circulations éclairent-elles les notions de transfert (culturel, politique, etc.) ainsi que les nombreuses notions décrivant le passage et le lien (transnationalisme, translocalisme, etc.) qui occupent une place importante dans les sciences humaines et sociales, et qui questionnent, par-delà les localisations, l’inclusion des territoires dans les États-nations, les régions, les empires.

Envoi des propositions au plus tard 7 janvier 2022.

 

Les Balkans dans le monde global : l’aire culturelle en question

  • Connecter et comparer les « Balkans », l’« Europe du Sud-Est », l’« Europe de l’Est »
  • Les « voisinages » revisités : coexistence et pluralisme
  • Transferts politiques, culturels et intégration régionale

Les connexions au prisme de l’intersectionnalité

  • Classe et (re)stratification sociale
  • Genre, sexualité
  • Religion et spiritualité
  • Nation, ethnicité, race
  • Age et génération

Migrations, mobilités, mouvements 

  • Corps, routes, supports : la matérialité des circulations 
  • Flux migratoires et diasporas
  • Crises, conflits et contestations
  • Populations et dynamiques démographiques 

Villes et écologies recomposées

  • Citadinités et ruralités dans les Balkans
  • Lieux et milieux, ambiances et environnements
  • Humains et non-humains 

Esthétiques, arts et formes d’expression culturelles

  • Institutions et manifestations culturelles
  • Circulations et pratiques sociales des arts
  • Recherche-création, sciences et arts
  • Réseaux, frontières et circulations virtuelles
  • Mémoires, patrimoines et héritages connectés

Communications, réseaux, circulation des pratiques et des modèles

  • Économies, commerces et échanges
  • Infrastructures et transports
  • Pratiques de soin et santé

 

Personnes connectées : 2 Vie privée
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